Avant de décrire la nouvelle catégorie de collectionneurs qui va amener une évolution du marché de l’art, il convient de rappeler que le consommateur d’art représente un ensemble d’environ de 500 millions de personnes au niveau mondial. Certes, la consommation d’art est une notion très large allant de chiner des objets à collectionner des œuvres. Mais cela a aussi pour intérêt de rappeler le nombre de personnes attachées à la culture par la tradition, la possession, la collection mais aussi et malheureusement par la spéculation.
Les grands collectionneurs qui sont des stabilisateurs de marché et les spéculateurs qui en sont les perturbateurs ont déjà fait l’objet d’un grand nombre d’articles et d’analyses ; c’est pourquoi notre intérêt se porte sur la typologie des collectionneurs aisés et délaissés.
Le collectionneur aisé et délaissé n’est pas par définition un grand collectionneur mais peut le devenir. Pour autant, il n’est pas spéculateur car il a, enfoui en lui, un réel intérêt pour la culture et l’art.
Par ailleurs, aisé par ses ressources financières, par son patrimoine acquis ou en cours d’acquisition, il est un acteur économique averti et à venir dans le domaine de l’art. Mais délaissé, il l’est aussi car n’est pas dans la catégorie des UNHNWI (ultra high net worth individual) en gestion privée ou gestion financière.
Par conséquent, il n’est pas une cible marketing prioritaire pour les sociétés proposant des solutions alternatives à la gestion financière telles que l’investissement dans des objets d’art, de collection, d’antiquités.
C’est à nous conseils en art de faire éclore son goût caché pour l’art, de l’amener à faire le pas supplémentaire, de l’accompagner dans les domaines artistiques et l’aider à monter les marches de la culture alors qu’il a déjà en lui la volonté inavouée de les gravir.
Ce mouvement de collectionneurs aisés et délaissés représente en France actuellement 700 000 personnes. Dans la décennie à venir, ces acteurs économiques avertis représenteront au minimum un marché de 140 milliards d’euros d’échanges au niveau national. Cependant, notre regard doit poindre vers d’autres horizons comme celui de l’Europe.
Sur cette zone géographique, les comportements sociologiques varient ; c’est pourquoi, il est sage de prévoir un périmètre restreint par rapport à celui sur lequel se fonde actuellement les instances européennes en ramenant cette population de collectionneurs aisés et délaissés à plus de 3,5 millions de personnes afin qu’elle soit la plus possible homogène.
Pour les collectionneurs, une œuvre d’art n’est pas un actif financier ce que des économistes de l’art ou s’intéressant à l’art ont régulièrement démontré de manière factuelle. Cependant, l’art a, aux yeux de tous, une valeur marchande.
Cette valeur économique est composée des facteurs tels que la rareté de l’objet, la technicité de réalisation, la circulation des oeuvres, l’appartenance à une typologie de biens durables et à un cycle de vie supérieur à celui de l’homme... Dans un avenir proche par l’augmentation de la population des collectionneurs croyants en ces quelques facteurs non exhaustifs, la consommation d’art va croître.
Ainsi, les collectionneurs aisés et délaissés vont être des acteurs économiques incontournables et sont d’ores et déjà le mouvement qui va soutenir l’art pour les décennies à venir. Progressivement, ils viendront renforcer et ouvrir l’horizon d’action des grands collectionneurs.
Par effet de contagion voire de mimétisme, le potentiel d’échanges en Europe sera d’au moins 800 milliards d’euros probablement dans les deux décennies à venir. L’impact en découlant va engendrer la naissance d’un nouvel effet stabilisateur et de nouvelles richesses au profit des artistes et des différentes strates des métiers du monde de l’art.
Enfin, la fierté des collectionneurs aisés et délaissés d’appartenir à un mouvement sera d’autant plus forte qu’ils se sentiront les représentants d’un mouvement ayant une portée économique et sociale favorable à l’expansion, au développement d’individus et d’entreprises.
Ce mouvement nouveau : « the new link » est en marche et va se révéler être un facteur de croissance économique au niveau mondial.