Entre l’Art et la Finance existe un grand nombre de divergences.
Il est communément admis que L’Art et La Finance exercent des fonctions différentes dans et sur la vie des hommes.
Parfois, existe une confusion voulue entre ces deux secteurs d’activité. Elle vient souvent de l’amalgame entre les produits et leurs méthodes de gestion.
Appliquer en partie des méthodes de gestion financière au domaine de l’art n’est pas déplacé mais il reste néanmoins un grand nombre de différences entre les deux domaines. Des écrits existent sur ces sujets de convergence ou divergence (liquidité, transparence de l’information…) alors nous n’allons pas écrire un énième article mais seulement nous focaliser sur deux aspects majeurs : la circulation et la fongibilité des biens culturels.
Après ce constat réel, viendra d’elle-même une conclusion évidente.
Tout d’abord, posons le sujet de manière synthétique et pratique autour des deux notions majeures précitées:
Concernant la fongibilité, l’objet d’art ou de collection, quel qu’il soit, est une chose particulière ce qui fera de lui un bien toujours distinguable des autres. Il est une chose palpable et visible. Il est une chose réelle. Par nature, cette chose a une histoire ou va en avoir une de par son auteur, sa ou ses méthodes de fabrication, son ou ses lieux de fabrication ou encore par ses détenteurs car ces derniers sont seulement des propriétaires temporaires.
Concernant la circulation, l’objet est un bien qui circule mais à une vitesse lente voire très lente de par le rythme du changement de détenteurs. Cela est du aux quatre notions souvent développées par Sotheby’s, les « 4 D » : death, debts, divorce, discretion. Comme l’objet d’art et de collection circule, c’est qu’existe un marché comme pour l’ensemble des autres biens.
Cependant, rappelons-nous que les modes de circulation varient en fonction de la nature des biens.
Effectivement, cette circulation du bien est un des éléments fondamentaux permettant de qualifier l’objet d’art et de collection.
Comme Il existe un marché immobilier, un marché financier, un marché automobile, un marché de matières premières … il existe un marché de l’art.
Comme les biens circulent, Il existe des moyens de circulation adaptés à la nature du bien : les transports pour les la plupart des biens mais aussi les actes quand le bien est immobilier (acte authentique) ou la voie électronique pour les valeurs financières.
De plus, l’objet d’art circule lentement au rythme défini par les « 4 D » et majoritairement sur un marché de gré à gré alors que les valeurs mobilières circulent rapidement et minoritairement sur un marché de gré à gré.
Effectivement; sur le marché financier, le produit circule très rapidement car l’actif est dématérialisé ; il est virtuel. Le produit circule par voie électronique et sa cotation se fait au dixième de seconde alors qu’il est insensé de penser à cette périodicité dans le domaine de l’art.
Donc, au regard d’éléments réels et factuels, confondre les marchés (art et finance) est réducteur ou révélateur d’un manque de connaissances.
Enfin, raisonnons par l’absurde et terminons l’examen de cette notion : la circulation. Admettons que l’objet d’art ou de collection soit un bien immobilier, une matière première, une automobile, un produit financier, pourquoi pas ? Alors tous les acteurs de l’immobilier ou du secteur automobile (concessionnaires ou autres distributeurs) ou encore de la finance (gérants actions ou gérants obligataires) sont des acteurs du marché de l’art.
Devant un tel raccourci relatif à la confusion des genres, Il faut garder raison.
Pour autant, chacun reconnaîtra que les produits financiers sont des actifs patrimoniaux comme les immeubles, les automobiles, les objets d’art et de collection. Mais, chacun reconnaîtra aussi que chaque chose ou bien a son genre. Ainsi, ce n’est pas parce que des
banques s’intéressent à l’art que l’art devient finance. Les banques investissent dans l’immobilier depuis des décennies pour ne pas dire des siècles ce qui ne fait pas de l’immobilier un produit financier. L’activité « art » dans les banques est complémentaire de l’activité « prêt » car elle est un enjeu patrimonial.
C’est ce point commun: « être un actif patrimonial » qui engendre aussi pour certains une confusion.
L’objet d’art comme le produit financier vient valoriser ou diminuer un patrimoine d’un individu ou d’un groupe d’individus (entreprise).
Certains diront que des produits financiers on été bâti à partir de l’immobilier. C’est vrai et il est vrai aussi de dire qu’il est possible de tout imaginer en matière financière de tout « titriser » mais le produit devient un dérivé d’un sous jacent (automobile, vins, club de football…objet d’art) donc devient une chose virtuelle (fractionnement d’une chose réelle) alors que l’objet d’art ou de collection est une chose réelle.
De surcroît, l’objet d’art ou de collection est unique. Comme nous l’avons déjà dit, il est distinguable ; il n’est pas fongible. Cependant, certains évoqueront les multiples. Mais là encore, rappelons-nous l’importance des détenteurs ou propriétaires temporaires ; ils feront aussi la particularité de l’objet. Si certains trouvent ces quelques lignes trop abstraites, prenons un exemple : un véhicule de collection a été fabriqué en plusieurs exemplaires donc il est fongible à l’origine mais par ses détenteurs, son histoire s’il a participé à des courses ; il n’est plus fongible. Par ailleurs, Il en est de même d’une sculpture ; pour la peinture je n’oserai pas de faire au lecteur l’affront de lui rappeler les particularismes du dessin. Enfin, lors de l’échange acheteur-vendeur, il ne fait aucun doute que la livraison du véhicule de collection se fasse par voie électronique ; son nouveau détenteur s’en contentera sûrement !
Ainsi, les quatre aspects développées : Circulation, Marché, Nature du secteur d’activité, Fongibilité du bien permettent de discerner : Art et Finance.
Ne retenons que la fongibilité, notion bien connue des juristes, et la circulation, notion bien connue des économistes. Ces deux notions sont fondamentales pour qualifier : l’objet et son marché. Elles se suffisent.
Ainsi la conclusion est une évidence. Les fonctions art et finance sont des tangentes et non des parallèles car leur point commun est seulement l’actif patrimonial…ni plus, ni moins.
Chers lecteurs, la citation d’Aristote se vérifie toujours et encore : « il n’y a pas de méthode unique pour étudier les choses »
Eric Toudy