Expression, transmission création, évaluation sont par rapport au temps des maîtres mots dans l’univers de l’art. Sur l’échelle du temps, de zéro 0 à l’infini (∞), il faut aussi à ses mots un vecteur leur donnant un sens. Ainsi, la dynamique allant de l’expression à la transmission engendre la valeur sociale portée par la société et développée par l’éducation. Quant à la dynamique allant de la création à l’évaluation, elle engendre la valeur économique portée par le marché et développée par la collection. Cependant, ce constat général ne vaut que s’il existe un ferment qui fédère le tout : l’émotion.
Il convient ainsi de commencer par observer les impacts sociaux.
Dans la majorité des cas, l’expression artistique est intemporelle. Si l’expression artistique est au contraire temporaire, souvent par le choix de son support, alors elle est éphémère et se détourne de son chemin. Très souvent, l’art est le témoin d’un moment de vie qui exprime une réalité de la société. Or, tout aspect traité par l’art, s’il est éphémère par son support ou son expression est voué à disparaître ou sortir du monde de l’art à un moment donné car, avec le temps, bon nombre de travaux qualifiés d’artistiques sortiront naturellement du monde de l’art.
C’est ce en quoi l’art est aussi élitiste non pas pour la population à laquelle il s’adresse mais pour les auteurs reconnus par la population des collectionneurs.
Par ailleurs, l’art est aussi un droit d’expression réservé aux morts. De l’expression qui est le départ de toute œuvre, nous allons immuablement par le droit d’expression à la transmission.
Effectivement, il existe une conscience collective qui fait en sorte de sauvegarder les œuvres d’art par les collections privées de particuliers mais aussi d’entreprises ou encore par les musées, les fondations, les fonds de dotation. Par les musées et les expositions, l’art se démocratise et s’adresse par conséquent à des populations plus larges, c’est ce en quoi l’éducation a un rôle important. L’art engendre une réflexion sur la vie des hommes, il nous instruit, nous élève et permet d’accroître notre tolérance. C’est ce en quoi, il peut être à des moments précis de l’histoire un contre pouvoir.
Au fil du temps, nous observons une évolution éducative nécessaire et utile. L’enseignement de l’histoire des arts pratiqué seulement depuis quelques années dans les collèges en France est un commencement à la sensibilisation des jeunes générations.
Pour mémoire, L’art est un droit d’expression réservé aux morts qui permet de garder à l’esprit des moments passés ou de rétablir une reconnaissance post mortem (Van Gogh) et de témoigner face aux générations futures.
Ainsi, le temps va éliminer naturellement les faux ou mauvais témoignages ; il est le réel facteur permettant de définir l’art. Ce qui survit au temps est par conséquent de l’art. Ce ne sont pas des valeurs subjectives de certains face à une réalisation qui font l’art mais le temps, seul juge de paix, ce qui rend l’homme humble dans son jugement.
Les impacts économiques, quant à eux, dépendent des impacts sociaux.
Lors de la création le prix de l’œuvre est déterminé par une population restreinte par conséquent le prix est aléatoire. Il sera seulement affiné avec le temps qui confirmera ou infirmera une évaluation faite par le marché. Le marché de l’art est le reflet de l’émotion collective. Cependant, L’art doit provoquer l’émotion qui n’est pas sociale puisque pas forcément celles des critiques mais une émotion individuelle.
Il faut être vigilant sur les dérives du marché de l’art car il est possible de faire un parallèle avec le marché financier par les bulles spéculatives mais surtout par le mimétisme. Les acheteurs qui ne pensent qu’à l’impact social de leurs acquisitions ne font confiance qu’à l’aura des experts de tout genre en occultant la notion fondamentale qu’est l’émotion individuelle procurée par la réalisation achetée ancienne ou contemporaine, Reste que pour ce type d’acheteur, le marché pour les œuvres anciennes lui permet d’avoir un benchmark .
L’art pour ce type d’acheteur est un marqueur de l’excellence sociale où l’émotion peut être occultée car l’émotion collective est connue. L’émotion individuelle est une valeur saine et sûre qui est porteuse pour l’art contemporain. Le collectionneur d’art contemporain est un entrepreneur de l’art car il fait appel à un tour de mains dans lequel il croit personnellement. Il anticipe le marché. Les grands collectionneurs d’art contemporain ont été sont et seront toujours des passionnés de leurs contemporains qui recherchent l’exceptionnel à la différence des collectionneurs d’œuvres anciennes pour lesquels il existe une forme de garantie car la cote du marché sert de guide.
Même si dans les deux cas, nous sommes face à des passionnées, l’approche est différente. Mais à côté de ce segment de collectionneurs apparaît un nouveau segment avec l’ouverture de marché aussi bien géographique qu’électronique, avec les ventes en ligne et le marche de gré à gré qui ne fera que grandir au niveau international grâce aux moyens de communication modernes et aux évolutions sociétales.
Eric Toudy